Le bonimenteur

Le bonimenteur est un producteur de récit matérialisé dans l’espace. Il articule un dessin et une construction, un dessin et un film. Le dessin se réalise sur la construction ou directement sur le sol. Le dessin est la projection circulaire des quatre murs d’une pièce rectangulaire qui comprend portes, fenêtres, décor. Dessin, construction et récit forment trois éléments qui s’interpénètrent.
Au cœur de la construction et au cœur du dessin réalisé sur le sol se situent deux séquences vidéo. La première séquence, le conteur, est une tête animée de légers mouvements, entre immobilité et oscillation. La deuxième séquence, le récit, fait apparaître dans l’un des murs de la pièce, la dernière minute d’un film au ralenti. Deux personnages traversent un couloir avant une explosion. Le récit et le conteur sont le produit d’une mise en mouvement, entre deux extrêmes : mouvement imperceptible et explosion.
Les deux séquences ont trait à un espace entre compression et dilatation et sont issues d’une perception intense du corps. L’espace circulaire qui est une transformation du èsalonè est conçu comme une enveloppe du corps. La tête projetée sur le sol dans la construction oscille dans le cadrage de l’image et confirme ce resserrement autour du corps. Le dessin peu perceptible ou èflottantè sur le pourtour intérieur de la construction dilate notre perception. La matérialité du mur disparaît.
Dessin, construction et récit forment trois éléments qui s’interpénètrent. C’est également une métaphore de l’exposition. À l’origine du cinéma, le bonimenteur est un personnage qui commente les images qui défilent sur l’écran dans les premières salles de cinéma. èProjeteur de récitsè, traditionnellement situé entre la salle et l’écran, il est devenu ici le modèle du spectateur et de l’ex
position
: entre déplacement et immobilité, il raconte une histoire.